Les jeux vidéo et la politique
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Les jeux vidéo et la politique
À l'approche des élections présidentielles, état des lieux sur les liens entre politique et jeux vidéo.
D'ici deux semaines, vous serez appelés à
élire votre nouveau Président. Pouvoir d'achat, emploi, écologie,
sécurité, et pourquoi pas jeux vidéo ? L'intervention du candidat
Jacques Cheminade pour l'interdiction des jeux violents, suite à la
tuerie de Toulouse, a ramené les jeux vidéo sur la scène politique.
Sujet peu abordé, certains politiques prennent pourtant position.
Régulièrement réduit à l'interdiction des jeux violents ou non, le sujet
des jeux vidéo est aussi abordé sous l'angle économique, avec la mise
en place de mesures favorables au développement du secteur en fort
déclin ces dernières années en France. Notre dossier vous présentera
d'abord un court historique des interventions politiques sur les jeux
vidéo, qui se sont succédé depuis les années 90, pour ensuite vous
détailler l'avis des professionnels du secteur sur le sujet. Pour finir,
nous parlerons d'un phénomène en vogue aux États-Unis et qui commence à
apparaître en France : l'intervention de la politique dans les jeux
vidéo.
Une mesure à préconiser aujourd'hui :
avant chaque élection, envoyer une console à chaque candidat. Comment
maîtriser les jeux vidéo sans jamais y avoir joué ? À entendre certaines
personnalités politiques, nous doutons que beaucoup aient déjà joué.
Trop souvent, le sujet est réduit à la violence dans les jeux vidéo,
décrite comme immorale, dangereuse pour les jeunes, et qu'il faut
réguler voire interdire. Aujourd'hui considérés comme un composant
culturel, si ce n'est une forme d'art pour certains pays, les jeux vidéo
restent cantonnés au statut de loisir pour jeunes. Souvent diabolisés
par les médias, les politiques prennent parfois le relais sans
hésitation. La droite s'illustre particulièrement dans ce registre.
En 1998, le sénateur MPF (Mouvement pour
la France, parti de droite populaire, aujourd'hui dirigé par Philippe
Devilliers) Philippe Darniche appelle "d'urgence" l'attention du
ministre de l'Intérieur "sur l'existence et la mise en vente dans notre
pays de logiciels de jeux vidéo défiant toute morale humaine et civique.
Spécialement destinés à la jeunesse [qui] visent à inciter
"virtuellement" les adolescents à la violence urbaine et aux combats de
rues".1
En 2006, les députés UMP Bernard
Depierre, Lionel Luca et Jacques Remiller demandent une interdiction
"totale pure et simple" pour les jeux "très violents incitant
directement à des actes de barbarie". Deux ans plus tard, Jacques
Remiller réitère, en soutenant l'interdiction de la création et la
diffusion "des jeux vidéo contenant une incitation directe à des
violences sexuelles, à des sévices corporels, à des actes de barbarie ou
au meurtre". Imaginez la suppression des jeux « incitant à des sévices
corporels », la moitié des jeux actuels disparaîtrait, le marché
français en prendrait un sérieux coup.
Plus récemment, l'UMP Éric Raoult a
interpellé la ministre de la Justice de légiférer sur "la nécessité
d'interdire la vente des jeux vidéo violents, diverses affaires, voire
même divers drames [...] ont prouvé l'influence catastrophique des jeux
vidéo violents, sur des personnes fragiles, ou au profil psychologique
instable". Nadine Morano, alors ministre de l'apprentissage, a également
lié "l'augmentation de l'ultra-violence [...] avec le développement de
certains films très violents ou de certains jeux vidéo". Rappelons
qu'aucune étude n'a encore prouvé le lien entre violence et jeux vidéo,
et que nombreuses sont celles qui affirment le contraire. Pour plus de
détails, notre dossier ici.
Candidat à la présidence, Jacque
Cheminade a également eu des mots doux à l'égard des jeux vidéo, et ce,
au lendemain de la tuerie de Toulouse. Sur Canal+, le candidat
explique : « Très souvent, les meurtres de masse sont associés à des
jeux vidéo violents que les gens ont vus, ce n'est pas la cause, mais ça
crée un climat ». Sur son site internet, le leader du Parti Solidarité décrit ses mesures pour les jeux vidéo :
"Les jeux vidéo violents doivent être
interdits et tous ceux dépourvus de contenu pédagogique surtaxés.
L’argent ainsi collecté (sachant que le chiffre d’affaires des jeux
vidéo en France avoisine 3 milliards d’euros) pourra être alloué aux
achats d’équipements et d’instruments pour l’opération Amadeus."
L'opération Amadeus est une
opération qui a pour but de donner à chaque enfant une chance de
développer ses talents musicaux (chanter en chorale, jouer des
instruments, etc.).
Qu'est juridiquement un « contenu pédagogique » ? Les opus Call of Duty
sont-ils pédagogiques parce qu'ils retracent plusieurs époques
historiques importantes, mobilisant des historiens pour son
développement ? Ou seul Adibou est pédagogique ? Faut-il alors surtaxer les jeux Fifa ?
Rappelons
par ailleurs que la tuerie de Toulouse s'est avérée justifiée par des
motifs complètement différents que ceux des "jeux vidéo violents", même
si ceux-ci ne "créent qu'un climat".
En réaction aux propos de Jacque Cheminade, le candidat d'extrême gauche, Philippe Poutou, s'est exprimé.
Si les jeux vidéo sont régulièrement
cités comme incitant à la violence, ils représentent également un marché
de plusieurs milliards d'euros (2,7 en 2010) qui emploie des milliers
de personnes. Cette dimension, la plus importante, reste oubliée.
1 : Pour plus de détails, voir la demande faite au Sénat, et la réponse apportée :
http://www.senat.fr/questions/base/1998/qSEQ980105551.html
Re: Les jeux vidéo et la politique
Avec les trois plus gros éditeurs
mondiaux, la France est l'un des acteurs les plus dynamiques au monde en
matière de jeu vidéo. Malheureusement, le marché ne suit pas, les
emplois ayant diminué de moitié dans le secteur, entre 1994 et 2005, en
plus d'une production de jeux qui a baissé drastiquement. Depuis deux
ans, la croissance est en berne. En France, en 2010, le marché des jeux
vidéo perdait 2,1 % de sa valeur comparé à 2009, baisse qui continue en
2011 avec un chiffre d'affaire global qui chute de 6% par rapport à
celui de 2010. À l'approche des élections, le syndicat national du jeu
vidéo propose 10 mesures pour relancer le secteur.
Petit rappel sur le SNJV1 :
Ci-dessous, les 10 propositions pour les candidats à l'élection présidentielle 2012 :
Renforcer l’outil de production des entreprises françaises du jeu vidéo par un meilleur accès à l’investissement.
MESURE N° 1 : Création du fonds d’investissement dans les entreprises du jeu vidéo.
MESURE N° 2 : Faciliter l’accès au capital développement pour les entreprises du secteur.
Créer un écosystème efficace pour le financement de la production française de jeux vidéo.
MESURE N° 3 : Créer des sociétés de financement de la production de jeux vidéo.
MESURE N° 4 : Pérenniser le crédit d’impôt jeu vidéo et l’adapter aux évolutions de marchés.
Soutenir efficacement les innovations des entreprises françaises du jeu vidéo.
MESURE N° 5 : Transformer le crédit d’impôt recherche en crédit d’impôt innovations.
MESURE N° 6 : Renforcer le dispositif de la JEI (Jeune Entreprise Innovante) et l’étendre à toutes les entreprises innovantes.
Créer un écosystème réglementaire stable pour la production.
MESURE N° 7 : Créer un statut de l’entreprise de création.
MESURE N° 8 : Adapter la réglementation juridique aux spécificités de production.
MESURE N° 9 : Adapter le droit du travail aux cycles de production du secteur.
Relever les défis de la compétitivité des entreprises françaises à l’international.
MESURE N° 10 : Soutenir le développement du jeu vidéo français à l’international.
En quelques mots, le secteur a besoin...
d'argent. Une politique volontariste avec la création de fonds
d'investissement, de société de financement, de facilités pour les
crédits, etc.
Dans cette optique, le gouvernement
canadien avait réussi à dynamiser son secteur par la mise en place
d'avantages fiscaux qui avaient attiré de nombreuses entreprises sur son
territoire, comme Ubisoft au Québec. Pour plus de détails, voir notre dossier ici.
Ce que réclame également le SNJV, c'est avant tout un peu d'attention,
l'économie des jeux vidéo restant un sujet encore peu politisé. C'est
par l'intermédiaire du « numérique » que nous parlons des jeux vidéo,
les deux sujets étant liés. Pour plus d'informations sur le rapport du
SNJV et l'économie des jeux vidéo, voir : http://www.snjv.org/data/document/10-mesures-cles-2012.pdf.
1 : présentation extraite du site du SNJV, pour plus d'informations : http://www.snjv.org/fr/syndicat1/
mondiaux, la France est l'un des acteurs les plus dynamiques au monde en
matière de jeu vidéo. Malheureusement, le marché ne suit pas, les
emplois ayant diminué de moitié dans le secteur, entre 1994 et 2005, en
plus d'une production de jeux qui a baissé drastiquement. Depuis deux
ans, la croissance est en berne. En France, en 2010, le marché des jeux
vidéo perdait 2,1 % de sa valeur comparé à 2009, baisse qui continue en
2011 avec un chiffre d'affaire global qui chute de 6% par rapport à
celui de 2010. À l'approche des élections, le syndicat national du jeu
vidéo propose 10 mesures pour relancer le secteur.
Petit rappel sur le SNJV1 :
Créé en 2008, dans la continuité de l'Association des Producteurs
d’œuvres Multimédia (APOM), le SYNDICAT NATIONAL DU JEU VIDEO (SNJV),
syndicat professionnel, rassemble :
- Les entreprises de production de jeux vidéo et de programmes multimédia ludiques ;
- Les personnes morales et physiques qui leur apportent un concours
régulier, et notamment les créateurs indépendants, les éditeurs, les
distributeurs, les organismes de formation publics ou privés ainsi que
les laboratoires de recherche, publics et privés, réalisant des
recherches en matière de jeux vidéo ou de technologies et techniques s’y
afférant ;- Les associations professionnelles régionales œuvrant au développement de la filière jeu vidéo.
Aux fins de représenter et de défendre
les intérêts de la profession, de promouvoir la production française de
jeux vidéo en France et à l’international et de communiquer sur la
filière auprès de tous ses observateurs.
Ci-dessous, les 10 propositions pour les candidats à l'élection présidentielle 2012 :
Renforcer l’outil de production des entreprises françaises du jeu vidéo par un meilleur accès à l’investissement.
MESURE N° 1 : Création du fonds d’investissement dans les entreprises du jeu vidéo.
MESURE N° 2 : Faciliter l’accès au capital développement pour les entreprises du secteur.
Créer un écosystème efficace pour le financement de la production française de jeux vidéo.
MESURE N° 3 : Créer des sociétés de financement de la production de jeux vidéo.
MESURE N° 4 : Pérenniser le crédit d’impôt jeu vidéo et l’adapter aux évolutions de marchés.
Soutenir efficacement les innovations des entreprises françaises du jeu vidéo.
MESURE N° 5 : Transformer le crédit d’impôt recherche en crédit d’impôt innovations.
MESURE N° 6 : Renforcer le dispositif de la JEI (Jeune Entreprise Innovante) et l’étendre à toutes les entreprises innovantes.
Créer un écosystème réglementaire stable pour la production.
MESURE N° 7 : Créer un statut de l’entreprise de création.
MESURE N° 8 : Adapter la réglementation juridique aux spécificités de production.
MESURE N° 9 : Adapter le droit du travail aux cycles de production du secteur.
Relever les défis de la compétitivité des entreprises françaises à l’international.
MESURE N° 10 : Soutenir le développement du jeu vidéo français à l’international.
En quelques mots, le secteur a besoin...
d'argent. Une politique volontariste avec la création de fonds
d'investissement, de société de financement, de facilités pour les
crédits, etc.
Dans cette optique, le gouvernement
canadien avait réussi à dynamiser son secteur par la mise en place
d'avantages fiscaux qui avaient attiré de nombreuses entreprises sur son
territoire, comme Ubisoft au Québec. Pour plus de détails, voir notre dossier ici.
Ce que réclame également le SNJV, c'est avant tout un peu d'attention,
l'économie des jeux vidéo restant un sujet encore peu politisé. C'est
par l'intermédiaire du « numérique » que nous parlons des jeux vidéo,
les deux sujets étant liés. Pour plus d'informations sur le rapport du
SNJV et l'économie des jeux vidéo, voir : http://www.snjv.org/data/document/10-mesures-cles-2012.pdf.
1 : présentation extraite du site du SNJV, pour plus d'informations : http://www.snjv.org/fr/syndicat1/
Re: Les jeux vidéo et la politique
Si les jeux vidéo, aujourd'hui, ne
figurent pas encore sur l'agenda politique de nos candidats, ceux-là ne
les délaissent pas pour autant. Quel meilleur moyen de communication
qu'un média présent dans un foyer français sur deux ? Faire sa publicité
avec les jeux vidéo, l'idée a déjà été exploitée.
Déjà en 2007, Ségolène Royal suscitait le buzz en créant un avatar au sein du jeu Second Life,
univers virtuel aux maintes possibilités, doté de sa propre économie.
D'autres candidats avaient alors suivi. Toutefois, toute publicité
politique dans les médias reste très réglementée en France, et est
souvent interdite. Imaginons un milieu urbain où évolue votre héros dans
un jeu quelconque : il est prohibé de faire figurer un panneau
d'affichage qui ferait la promotion du candidat socialiste, François
Hollande.
Aux États-Unis, il n'en est rien, et
Barack Obama n'a pas tardé à exploiter les jeux vidéo au service de sa
campagne, et ce, dès 2008. Le Président américain avait en effet passé
un contrat avec l'éditeur EA Games, pour une campagne d'affichage
au sein des jeux de l'éditeur américain. Ci-dessous, un panneau
d'affichage appelant au vote pour le candidat démocrate, dans le jeu Burnout Paradise, sur Xbox 360.
Il ne vous reste plus qu'à voter !
figurent pas encore sur l'agenda politique de nos candidats, ceux-là ne
les délaissent pas pour autant. Quel meilleur moyen de communication
qu'un média présent dans un foyer français sur deux ? Faire sa publicité
avec les jeux vidéo, l'idée a déjà été exploitée.
Déjà en 2007, Ségolène Royal suscitait le buzz en créant un avatar au sein du jeu Second Life,
univers virtuel aux maintes possibilités, doté de sa propre économie.
D'autres candidats avaient alors suivi. Toutefois, toute publicité
politique dans les médias reste très réglementée en France, et est
souvent interdite. Imaginons un milieu urbain où évolue votre héros dans
un jeu quelconque : il est prohibé de faire figurer un panneau
d'affichage qui ferait la promotion du candidat socialiste, François
Hollande.
Aux États-Unis, il n'en est rien, et
Barack Obama n'a pas tardé à exploiter les jeux vidéo au service de sa
campagne, et ce, dès 2008. Le Président américain avait en effet passé
un contrat avec l'éditeur EA Games, pour une campagne d'affichage
au sein des jeux de l'éditeur américain. Ci-dessous, un panneau
d'affichage appelant au vote pour le candidat démocrate, dans le jeu Burnout Paradise, sur Xbox 360.
Il ne vous reste plus qu'à voter !
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